Succession et gouvernance familiale : quand les Family Offices deviennent les gardiens de la paix intergénérationnelle

Par 1+1 | Stratégie, Capital & Exécution

Dans les cercles familiaux à haut patrimoine, la planification successorale est souvent abordée trop tard, ou uniquement sous l’angle fiscal. Pourtant, pour un family office, la véritable valeur ajoutée ne se limite pas à optimiser la transmission des actifs, mais à préserver l’essentiel : la cohésion du clan, la continuité du leadership familial, et la stabilité affective des héritiers.

Un cas concret récemment vécu illustre avec sobriété cette responsabilité : une mère de famille ayant géré plusieurs successions dans sa vie souhaite nommer deux proches comme co-liquidateurs, éviter les frais professionnels inutiles, tout en s’assurant que ses volontés soient respectées sans conflits. Sa priorité ? Laisser les choses claires, simples, et paisibles.

La gouvernance successorale : un mandat implicite du family office

Les grandes familles ne lèguent pas seulement des actifs. Elles lèguent des dynamiques, des mémoires, des tensions non résolues. C’est là que le family office joue un rôle fondamental. Pas en tant qu’expert technique, mais en tant que gardien de la continuité humaine et patrimoniale.

Le défi :

• 68 % des successions à haut patrimoine entraînent des conflits familiaux (source : Family Firm Institute).

• Plus de 60 % des familles riches n’ont pas de plan clair de succession émotionnelle (UBS Global Wealth Report 2024).

• La moitié des liquidateurs familiaux abandonnent leur rôle en cours de processus faute de soutien ou de préparation.

Anticiper la transmission : un devoir stratégique

Les meilleures pratiques observées dans les family offices nord-américains et européens incluent désormais des protocoles de succession familiale intégrant trois dimensions :

1. Juridique – testament notarié, mandat de protection, fiducie.

2. Émotionnelle – directives successorales, lettres de transmission, dialogue intergénérationnel.

3. Opérationnelle – désignation claire des rôles, préparation du liquidateur, implication de professionnels déjà connus de la famille.

Dans notre exemple, la présence d’un comptable de confiance, d’un notaire déjà impliqué, et la désignation explicite de deux personnes responsables crée un mécanisme de continuité discrète mais efficace. Cette structure protège les actifs… mais surtout les relations.

Ce que les family offices devraient mettre en place

Chez 1+1 Stratégie, Capital & Exécution, nous recommandons aux family offices de déployer un protocole en 5 étapes pour accompagner la succession familiale dans toutes ses dimensions :

1. Gouvernance successorale anticipée

Créer une charte de succession ou un legacy protocol intégrée à la gouvernance familiale.

2. Évaluation des dynamiques relationnelles

Identifier les porteurs de tensions, les alliés naturels, les relais émotionnels. C’est un travail discret mais structurant.

3. Accompagnement du liquidateur désigné

Formation, coaching ou co-pilotage avec le family office. Ne pas les laisser seuls.

4. Rédaction de directives successorales non contraignantes

Un testament dit qui reçoit quoi, une lettre dit pourquoi : ce “pourquoi” prévient 80 % des litiges.

5. Rencontre confidentielle de transmission morale

Réunion de 2 ou 3 personnes clés, facilitée par un conseiller du family office, pour ancrer les volontés et bâtir un pacte moral.

Ne pas attendre la crise pour structurer la paix

La succession bien orchestrée n’est pas une simple opération de transmission. C’est un acte stratégique. Un mécanisme de protection du patrimoine humain. Une assurance contre le désordre émotionnel.

Les family offices qui intégreront cette dimension à leur offre ne seront pas seulement des gestionnaires de fortune, mais des architectes de paix intergénérationnelle.

Chez 1+1 Stratégie, Capital & Exécution, nous aidons les family offices à bâtir des processus de succession intégrés, humains, et alignés avec les réalités émotionnelles de leurs familles clientes.